2014-2015

Texte : Joséphine Matamoros

Pierre Buraglio ne cesse de retravailler l’histoire et l’histoire de l’art. Il conjugue, joue avec les cadres, hors cadres et s’est consacré comme il le fait souvent à l’histoire d’une ville comme celle de Collioure. Ici, dans ses oeuvres, le moindre détail se rapporte aux souvenirs de peintres, d’hommes, des guerres qui ont marqué cette cité du sud de la France.

Le choix d’une exposition de Pierre Buraglio au musée de Collioure s’est imposé comme une évidence. Depuis très longtemps, je suis attentive au travail de cet artiste très proche du groupe Supports/Surfaces. Ces trente dernières années, j’ai beaucoup travaillé avec les artistes de ce mouvement, qui, pour la plupart d’entre eux, résident dans la région et s’investissent avec beaucoup de générosité dans le fonctionnement de nos institutions muséales. Dernier grand mouvement en France d’artistes qui ont su s’imposer avec force au-delà de l’École de Paris, ils ont ouvert de nouvelles routes à l’art contemporain dans les années soixante, années d’ouverture vers une société nouvelle qu’ils ont largement représentée.

Pierre Buraglio a gardé de cette époque l’utilisation de matériaux pauvres et leur réemploi, en leur donnant une nouvelle orientation, la plupart du temps philosophique, sans oublier de s’astreindre à une profonde réflexion sur le monde qui l’entoure. Je dirais de Pierre Buraglio qu’il est aussi un artiste exigeant, qui ne fait aucune concession à sa manière d’interpréter sa rigueur plastique.

L’exposition de Collioure est pour lui une manière de revisiter et de réinterpréter la densité historique, en matière d’art, de ce petit village qui a accueilli les très grands artistes du début du XXe siècle, particulièrement autour de quatre concepts :  » d’après… « ,  » avec… « , « autour… » et  » selon… « , concepts qui tournent autour de la fenêtre. A noter que l’emblème central évoqué dans l’affiche qui accompagne l’exposition est celui de la mythique fenêtre de Matisse de 1914. Une visite par Pierre Buraglio d’une grande justesse, très fine et subtile, autour de cet objet valorisé par Matisse dès 1905 et que ce dernier traduit ensuite en oeuvre totalement abstraite, devenue depuis lors une icône pour l’histoire de l’art. D’autres sujets seront revisités, notamment les portraits réalisés par Matisse à Collioure, comme celui de sa fille Marguerite, ou l’inclusion de l’image d’Amélie son épouse dans plusieurs de ses oeuvres. Cette thématique a incité Pierre Buraglio à reprendre avec force la question du portrait et de l’autoportrait, en intervenant comme un miroir, avec les membres de sa propre famille.

Par ailleurs, les oeuvres présentes dans l’exposition refléteront comme un fil d’Ariane, tout au long des cimaises, le travail constant sur la configuration architecturale qui l’environne dans sa ville du 94 et celle qu’il a découverte sur les architectures mondialement connues du village de Collioure, d’où le titre 94/66. Paysages de Maisons-Alfort, dessins de Collioure, recomposés, transformés et amplifiés par infographie, nouveau regard… Et cela, sans perdre de vue les compositions des années soixante/soixante-dix, dont certaines se trouvent au musée de Céret dans le fonds Yves Michaud, et qui seront présentes sur les cimaises du musée de Collioure. Une relecture sera ainsi proposée des cinquante dernières années, du travail de recherche incessant, de ce grand artiste de la scène artistique française, complétée par un clin d’oeil aux collections du musée de Collioure dont il a prélevé quelques pièces qui seront intégrées au parcours.

 

Le mur des fédérés. To Philip Guston 2015, 2018
Peinture sur cartons découpés et montés sur feuille de zinc anodisé, 65 x 50cm / 25.59 x 19.69 in © Galerie Ceysson et Bénètière 

Tenir un crayon, 2016
Peinture sur contreplaqué, découpage, 16 x 24cm / 6.30 x 9.45 in

  • « Muret », gouache sur carton, 17 x 25 cm. 2016
  • Le soir qui tombe Peinture et agrafe sur carton 13 x 19,5 cm 2015
  • Pierre Buraglio, « 94/66 », musée d’art moderne de Collioure. Du 06/06/15 au 20/09/15.  (Photos ouvretesyeux ©tous droits réservés)
  • Exposition “Carte blanche à Pierre Buraglio » Galerie Jean Fournier 2015  – (Photos Albero Ricci ©tous droits réservés
  • “94»” (A), 2015 – 50 x 40 cm – 15 variations, Galerie Catherine Putman
  • Vue d’atelier, 2015
  • Les Marins pêcheurs, 2014, Peinture, montage, H 40 x L 50 cm – (La Forest Divonne © 2016 / Mentions Légales)
  • Rue des Gnawa Année, 2014, réemploi, peinture, bois, H 21 x L 26 cm- (La Forest Divonne © 2016 / Mentions Légales)
  • Rue ferdinand Holder, 2013, 47x64cm – (La Forest Divonne © 2016 / Mentions Légales)
  • A Joseph Caillebotte LVIII, 2013, peinture, 22 x 37,5 cm – (La Forest Divonne © 2016 / Mentions Légales)

pb 2015

actuellement galerie

GALERIE BEA-BA, Marseille



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